Sevdije Ahmeti (bio)

Sevdije Ahmeti.

Professeur de documentation et de bibliographie à l’Université de Prishtina, capitale du Kosovo, Sevdije Ahmeti s’engage à partir de 1987 pour les droits des femmes et des enfants. Révoltée par la propagande serbe qui se déchaînait contre les femmes albanaises, appelées « machines à laver », Sevdije Ahmeti invite les gens à constater d’eux-mêmes à Prishtina qu’elles sont sensibles, éduquées et souvent diplômées. Dirigeant la section culturelle du syndicat, elle milite contre le changement de la Constitution instaurant des catégories différentes dans la population. Elle apporte la solidarité du monde culturel aux mineurs de Trepca pendant la longue grève commencée en novembre 1988.

En 1989, Sevdije Ahmeti est membre du conseil des droits de l’homme à Prishtina quand elle est chassée de la bibliothèque de l’université, où elle travaille, suite aux lois serbes de ‘’différentiation’’. Elle fonde avec son amie médecin Vjosa Dobruna en 1983, le Centre de protection des femmes et des enfants qui reçoit notamment le soutien du siège bruxellois de l’organisation mondiale de la santé. Elle obtient en 1998 deux ordinateurs et un appareil photo de l’organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. Munie de ce mince équipement elle sera la voix d’un peuple privé de parole et témoignera des violences de l’armée serbe sur les hommes, les femmes et les enfants du Kosovo. Grâce à un fichier de 1500 adresses électroniques, elle donnera au monde entier une information brute sur la guerre, bien différente de celle fournie par la propagande de Belgrade et souvent complaisamment relayée dans les médias occidentaux.

Cette chronique révèle, dans son froid énoncé des exactions commises, la volonté de détruire un peuple interdit. Ces informations et témoignages sur ‘’la guerre avant la guerre’’ donnent aussi un sens concret à la terreur quotidienne répandue par les milices serbes sur le Kosovo. Elles ont surtout le mérite de rappeler que la guerre n’a pas commencé le 24 mars 1999, avec les premiers bombardements de l’Otan. Le journal de Sevdije Ahmeti s’arrête d’ailleurs le lendemain ; sa ligne téléphonique est coupée et des inconnus la menacent en tant que ‘’ennemie numéro 1 de l’Etat serbe’’.